Stanislas Drapeau fait partie des personnalités dont on a retracé le parcours, dans le Dictionnaire biographique du Canada (www.biographi.ca). Cet ouvrage d’envergure comprend 15 volumes et résulte d’un travail de collaboration entre l’Université de Toronto et l’Université Laval. Dans le volume XII qui porte sur la période de 1891 à 1900, l’historien Elzéar Lavoie décrit avec force détails les activités professionnelles de Stanislas Drapeau en tant qu’imprimeur, éditeur, rédacteur, fonctionnaire et auteur (1).
C’est à partir de ce document que je compte résumer la carrière de ce personnage qui s’est illustré de bien des manières pour faire avancer la société d’alors.
Né à Québec en 1821, Stanislas Drapeau était le fils de Jean-Baptiste Drapeau, de Charlesbourg et de Marie-Angèle Bourbeau, de Beauport. Dès l’âge de 16 ans, il s’oriente vers la typographie où il a vite gravi les échelons qui l’ont conduit, en s’associant avec d’autres, à la publication de journaux et d’œuvres diverses, ainsi qu’à la rédaction d’ouvrages dans lesquels il s’est illustré.
Ainsi, d’apprenti typographe, il fut vite promu correcteur d’épreuves de confiance, chef d’atelier de composition typographique, responsable de la publication et de la distribution de journaux et devint, à 23 ans, propriétaire de presses pour la publication de journaux. De 1837 à 1845, il aura tour à tour travaillé à la publication de journaux tels : le Fantasque, le Canadien, l’Artisan, le Ménestrel (où il utilise le procédé de la lithographie pour les partitions musicales) et le Courrier commercial aussi publié en anglais Commercial Courier. Il aura également publié un manuel sur la tempérance.
Lors d’un séjour de deux ans à Montréal, il devient imprimeur et chef d’atelier de la Revue canadienne et de la Revue de la législation et de jurisprudence. C’est alors qu’il se marie à Caroline Drolet, de Québec. Les époux reviendront dans leur ville natale l’année suivante, après la mort du père de Stanislas.
Il assure alors la publication d’un Tableau de la messe (avec gravures) suivi du Petit catéchisme du diocèse de Québec et met en marche la publication d’un périodique: l’Ami de la religion et de la patrie qui deviendra plus tard l’Ordre social.
De 1851 à 1857 Drapeau agit comme chef d’atelier au Journal de Québec et rédige un premier ouvrage de son cru. Il s’agit d’une grande source de renseignements les plus utiles et variés qu’il a soigneusement colligés et rassemblés dans un Petit Almanach de Québec pour l’année bissextile de 1852, religieux, historique, littéraire, agricole et de connaissances utiles. Cette publication illustre bien, selon Elzéar Lavoie, le souci et la très grande rigueur intellectuelle de Drapeau pour soumettre au lecteur des connaissances précises et des statistiques fiables.
Pendant les deux années suivantes, il deviendra premier administrateur du journal le Courrier du Canada et publie une brochure qui montre son intérêt pour la colonisation et les communautés rurales, qui regroupent alors près de 80 % de la population du Bas-Canada. Elle a pour titre: Appel aux municipalités du Bas-Canada : la colonisation du Canada envisagée au point de vue national et comprend un « Plan de colonisation par l’État ».
Passant de la théorie à la pratique, voilà qu’en 1859, il accepte le poste d’agent de colonisation, dans le comté de Lislet, et déménage à St-Jean-Port-Joli pour y travailler pendant six ans. Entre autres activités, il met de l’avant une société de secours fort appréciée des défricheurs puisqu’elle leur distribue gracieusement les grains et pommes de terre requis pour leurs semailles. Il s’occupe aussi, en même temps, d’une chronique agricole dans le Courrier du Canada et publie, en 1863, un ouvrage de 593 pages (illustrations à l’appui), qui s’intitule: Études sur les développements de la colonisation du Bas-Canada depuis dix ans (1851-1861). Avec son Coup d’œil sur les ressources productives et la richesse du Canada (36 pages) il y ajoute une suite, l’année suivante. Lavoie note qu’on a alors « vanté sa grille d’analyse systématique et sa méthode de composition de nature sociodémographique ».
En 1865, il accepte un poste de fonctionnaire au gouvernement fédéral, comme adjoint au sous-ministre du département d’Agriculture, où il sera affecté à la compilation des statistiques démographiques. En même temps, il travaille à la rédaction et à la publication d’un projet d’envergure qui ne connaîtra pas sa réalisation complète, faute de soutien financier. Il s’agit d’une Histoire des institutions de charité, de bienfaisance et d’éducation (…) dont seul le premier des cinq tomes prévus est publié, en 1877. Un livre salué, en outre, pour sa grande beauté, en mettant en évidence les prouesses des techniques d’impression de l’époque.
Drapeau trouve encore le temps de diriger la chorale de la basilique Notre-Dame d’Ottawa, comme il l’a fait de 1849 à 1859, pour fonder et diriger le chœur à l’église St-Jean-Baptiste, à Québec.
En 1876, il dirige la publication d’un magazine familial intitulé : le Foyer domestique qui sera interrompue en 1879, mais sera repensée et paraîtra, de 1880 à 1884 sous le titre : l’Album de famille qui a réussi à intéresser, selon Drapeau, plus de 50, 000 lecteurs par année, au Bas-Canada comme aux États-Unis.
Il rédige aussi une Biographie de sir N.F. Belleau, premier lieutenant-gouverneur de la province de Québec (…), une brochure de 39 pages, publiée en 1883. Toujours soucieux de l’occupation du territoire, il a 66 ans (1887) lorsqu’il publie un guide qui avait pour but d’encourager l’immigration, au Canada, de colons européens francophones. Il s’agit du Canada : guide du colon français, belge, suisse, etc (…).
Drapeau fait des rêves qui l’animent toujours et lui donnent plein d’énergie vers l’action. Depuis 1883 et pour les dix dernières années de sa vie, le plus important de ceux-là est de mettre sur pied un nouvel hebdomadaire, « un journal politique de premier ordre » qu’on appellerait l’Union nationale. Il mourra à Pointe-Gatineau (1893) sans avoir réalisé son grand rêve, malgré sa détermination et tous les efforts déployés à le concrétiser.
Homme passionné et homme d’action aux intérêts fort variés, Stanislas Drapeau pouvait compter sur ses multiples talents pour laisser sa marque dans la société canadienne-française de l’époque. Il s’est révélé un visionnaire doublé d’un humaniste, avec un grand souci du bien commun. Un grand citoyen dont on peut être fiers et heureux de partager le nom de famille.
Résumé de Janine Drapeau
- Lavoie, Elzéar Drapeau, Stanislas dans le Dictionnaire biographique du Canada Vol. Xll de 1891 à 1900- Ste-Foy : Les Presses de l’Univerité Laval, 1990 pp 292-296.
- B. De son vivant, Stanislas Drapeau avait fait l’objet d’une biographie écrite par son ami Charles Thibault. Elle avait pour titre : Biographie de Stanislas Drapeau, auteur des Études sur les développements de la colonisation du Bas-Canada et promoteur des sociétés de secours pour venir en aide aux colons défricheurs (Ottawa, 1891).